
Emission RFI avec Tidjane Thiam: «Écoutons les Africains»
Interrogé par RFI, le Président de la Confédération de la Plateforme Unique des PME donne son avis sur la situation des PME en Côte d'Ivoire.
Version audio à écouter :
Journaliste RFI (François Grivelet): on va rester en CI avec le témoignage d’un chef d’entreprise qui travaille dans l’exploitation pétrolière, le DR Moussa Elias Farhakan (Dr MEF) qui préside également la Confédération Patronale Unique des PME de CI.
Dr MEF : il faut que l’Etat fasse confiance aux PME. Elle fait plus confiance à des investisseurs étrangers pour leur dire, venez venez investir comme s’il n’y avait rien ici. Il y a des acteurs qui travaillent et qui se battent chaque jour au quotidien pour faire vivre leurs familles, pour régler les problèmes de chômage, pour faire tourner les industries, donc il faut leur faire confiance. On devrait pouvoir former des PME ivoiriennes capables. Au moins qu’on puisse aller faire des affaires correctement dans d’autres pays. Il faut créer des infrastructures où ils peuvent produire à grande échelle. Il faut qu’ils puissent se connecter avec l’industrie pharmaceutique pour ceux qui travaillent dans le beurre de karité. Aujourd’hui on peut travailler, voire avec des constructeurs automobiles en Afrique du sud. Voilà notre vision ! A partir de ce moment, il y a une dynamique économique, commerciale, donc beaucoup de choses sont possibles.
Journaliste (François Grivelet): propos recueillis à Abidjan par Alexis Bediou du service économie de RFI.
Journaliste ( Julien Clémenceau JA) : Les PME ont-elles la place qu’elles méritent dans les politiques économiques ?? on a toujours la sensation que les décideurs publics accordent finalement plus d’importance aux grands projets d’infrastructures qu’aux PME.
Tidiane Thiam ( T T) : je hoche la tête , je suis un fanatique des PME. Humm, moi je crois beaucoup en l’entreprise. J’ai été parmi les personnes qui ont préparé le sommet du 18 mai avec les chefs d’Etat africains, et j’ai fait venir Schola Akinladé parce que Je voulais qu’un entrepreneur africain qui a créé une PME leur parle, et ils l’ont écouté. Et ça été vraiment une bonne interaction. Il y a aussi une dame du bénin, mais excusez-moi son nom m’échappe.
Mon discours c’est que : moi j’ai été patron de très grandes entreprises internationales et je dis toujours aux dirigeants, pas seulement africains, mais dans d’autres pays qui m’écoutent aussi. Et je leur dit, la première question qu’on pose quand vous êtes patron d’une entreprise comme ça pour aller investir quelque part, c’est comment se porte le tissu d’entreprises locales. Je leur ai dit, c’est comme si vous visitiez une planète étrangère, science fiction. Vous avez un scaphandre, vous allez vous regardez, est ce que la vie se développe sur cette planète avant d’enlever votre casque. C’est exactement la même chose et s’il n’y a pas de vie économique locale, vous n’irez pas. Je l’ai dit et je pense que c’est un message qui est entendu : la priorité numéro un des gouvernements c’est de s’occuper de leurs entreprises domestiques. Il n’y a pas une seule grande entreprise dans ce monde qui n’a pas été une PME un jour. Je peux multiplier les exemples de Bill Gates, de Microsoft, you know Allen Scheng Jang et WeChat en chine. Enfin, ça commence toujours à deux ou à trois. Mr Renault et ses frères, ils ont commencé à Boulogne dans un atelier. Donc Je dis aux pays qui veulent de grandes entreprises, occupez vous de vos petites entreprises, choyez-les et de tout ça sortira un jour… On a besoin de ça en Afrique. Ce qui fait l’influence des Etats Unis, c’est Microsoft, c’est amazon, c’est netflix, c’est pas le gouvernement américain. Et toutes ces nations qui ont réussi… en fin mr Suzuki, mr yamaha, vous connaissez leurs noms ; ils ont créé des entreprises de taille mondiale à partie de rien du tout. Il n’y a absolument aucune raison que la même chose ne se passe pas en Afrique. Donc vraiment j’applaudis des deux mains le discours de ce monsieur. Je pense qu’il a exactement raison et c’est la seule voix vers l’avenir. Je parlais récemment, il y a un groupe thaïlandais CP. ils sont le 1er producteur de porcs dans le monde. Ils ont commencé, deux frères en 1921, ils sont en train de fêter leur centième anniversaire dans un petit village en thaïlande où ils vendaient des semences aux paysans du village. Ils ont 360 mille employés, 63 milliards de dollars de chiffre d’affaires aujourd’hui.
Journaliste ( François Grivelet RFI) : sur la question des PME, vous seriez sévères avec les chefs d’Etat africains tous pays confondus, ils ne font pas assez ?
TT : non pour moi ce n’est pas une question de sévérité. Vraiment je pense que ce message là quand j’en ai discuté avec de nombreux chefs d’Etat, ils sont d’accord. Je pense qu’il y a vraiment un consensus qui se développe. Moi je retrouve ça de plus en plus maintenant dans les discours de dirigeants africains. Moi j’aime beaucoup le foot, tout le monde sait ça. Vous ne pouvez pas gagner le championnat si vous ne pouvez pas gagner à domicile. Quand je suis allé chez Credit Suisse, j’ai dit il faut qu’on devienne la première banque en suisse « CREDIT SUISSE ». Personne ne nous fera confiance si on ne peut pas gagner en suisse. Et on a gagné en suisse. On a été désigné avant que je parte meilleure banque de suisse, on a passé UBS en suisse, donc c’est une logique que j’applique à tous les domaines ; si on veut réussir à l’international, il faut d’abord prouver que là où on est le plus avantagé, c’est-à-dire chez soi, on est capable de gagner.
Journaliste (François Grivelet RFI) : Soutenez les petites entreprises, c’est le message de Tidiane Thiam qui est le grand invité de l’économie RFI-Jeune Afrique, je l’interroge avec Julien Clémenceau. Encore beaucoup de sujet à aborder, à commencer par la relation Chine-Afrique.
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